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Articles sur Montherlant (hors presse)

59. Montherlant vu par Pierre Kyria

 
 

Pierre Kyria.

Journaliste, éditeur, critique littéraire au Monde et au Magazine Littéraire, Pierre Kyria né en 1938 est l’auteur d’une dizaine de romans : Manhattan Blues, La Mort blanche, Mademoiselle Sarah, Le Valet noir, Comtesse Lipska… 
 ;On lui doit également des essais consacrés à Lisbonne, Jean Lorrain, les frères Goncourt.

En mars 2011, il a publié aux Editions de la Différence un livre Merci pour tout, qui sont ses Carnets intimes (523 pages) écrits de 1962 à 1988, dans lesquels il relate de façon passionnante et remarquablement écrite ses rencontres littéraires avec les grands auteurs du XXème siècle comme Mauriac, Green, Montherlant, Sartre, Truman Capote, Angus Wilson, Anaïs Nin.

Ses rencontres avec Henry de Montherlant et ses réflexions originales sur l’écrivain sont captivantes. Le site Montherlant ne pouvait ignorer ce témoignage remarquable, extrait des Carnets de Pierre Kyria.

15 janvier 1965

Rencontre avec Montherlant pour La Guerre civile qui va être créée au théâtre de l’Œuvre. Je ne l’avais jamais vu mais je gardais en mémoire les portraits qui figuraient dans les livres où j’étudiais son œuvre. Image de jeunesse : celles de la pose barrésienne, du jeune sportif sur un terrain de foot mais aussi, plus tard, le dessin à la plume de Edouard Mac Avoy. C’est un peu ce dernier que je retrouve : la brosse courte, les tempes dégagées d’un officier de Saint-Cyr, la lourde et belle aristocratie du profil. Cette allure de grand chef sioux captivé par la contemplation des cimes. Pour le reste, il a son âge. La fermeté d’un style maquille l’âge d’un écrivain. Montherlant a encore des vigueurs de jeune homme par écrit en ayant le coffre d’un petit rentier qui n’est pas encore “dans la hideur du dernier âge.” La voix est forte, claire, dément les rides.

Le voici pris dans le cérémonial d’une conférence de presse. Lorsqu’il fait face aux photographes, lorsque trois micros vers lui leurs têtes vipérines, encadré respectueusement par Fresnay et Dux, tournant le dos aux corps tourmentés que Trémois a fait rouler sur un panneau pour illustrer la pièce, son malaise est évident. Il ajuste ses lunettes, il lit un texte (“Mes chers Confrères…”) d’une voix incertaine, son teint passe au rouge et sa main tremble. Agoraphobie, timidité, les deux  ? Montherlant n’est pas l’homme “de la chose publique”. On croirait voir un proviseur maladroit annonçant le palmarès d’une distribution de prix.

Mais, en aparté, il redevient ce qu’il veut être. Courtois et impassible, précis et net, tranchant sans être trop sec. Pas un mot de trop et des paroles coupées au massicot. Rien ne vibre dans ce visage un peu figé : les sourcils se lèvent, les yeux se brident et, dans le regard étroit, filtre une curieuse eau glauque et froide. Il ne retient pas son interlocuteur qui n’a pas envie de l’être. Il s’arrête où il faut et sa main sait couper aussi bien que son regard. M. de Montherlant a ses glacis et ses douves pour décourager la curiosité des journalistes et l’empressement de ses admirateurs. Homme bien élevé et aristocrate de sentiment, il sait composer avec les apparences en restant hors de portée. Chaque chose à sa place. Sous ses yeux, votre place est bien marquée, à distance respectueuse, même si vous le frôlez du coude. S’il vous écoute ou vous parle, l’attention qu’il vous réserve n’est ni bienveillante ou hostile, simplement indifférente. On lui parle de son œuvre, il vous en parle. C’est tout. Certains qui prétendent le connaître affirment que son monde ne commence et ne finit qu‘à lui. Toute une légende à base de Romains, de samouraïs, s’est forgée autour de cet homme souvent évoqué en buste, hautain, inaccessible. On a souvent fait de son œuvre le reflet magnifié d’une attitude prise pour argent comptant. Ferrante, Cisneros, le Maître de Santiago, autant de répliques de l’auteur, pense-t-on. Mais on oublie les personnages de douleur, d’Inès de Castro à Jeanne la Folle. Tout ce qui appartient à l’écorché vif qu’est aussi ce grand bourgeois de nos lettres.

1er> février 1965

La Guerre civile de Montherlant. Ce dialogue avec le néant qui était celui de Ferrante, du Maître de Santiago, de Cisneros, retrouvé avec Caton et Pompée. La grandeur crispée de l’humaine dérision : Pompée l’incarne un instant avant de devenir cette épave que César rejette au ban de l’histoire. Cette réflexion sur le “tout est vain” qui emporte Caton, résigné à être résigné. Pas la moindre issue. Le tragique vécu pour lui-même, ciselé impeccablement, chape de plomb sur des personnages qui prennent la pose. Le style, bien sûr, les profils de médaille, les accords d’airain. Une langue dure, coupante, exacte, pour corseter ces silhouettes figées qui aiment et se perdent, veulent aimer et aspirent à se perdre au-delà du “humain, trop humain”. Théâtre sans chaleur, sans emprise, qui provoque une admiration froide. Théâtre de tableaux, composé avec art, trop d’art. Belle monnaie, pas faite pour le troc, mais pour la vitrine. Montherlant reste encore le meilleur de ses personnages. On retrouve là son “Je suis avec ce qui meurt”.

Juillet 1966

Lecture de Va jouer avec cette poussière (Carnets 1958-1964) de Montherlant. Le soin qu’il met à montrer qu’il n’est pas piqué par la “puce de la gloigloire”, qu’il n’est pas dupe, qu’il n’est pas victime des vanités, y revenant avec insistance, n’aboutit-il pas à un culte inversé de sa personnalité  ? Sa gloire est de mépriser la “gloigloire”. N’y entre- t-il pas un orgueil qui, à force de redites littéraires, pourrait passer pour la pire des vanités  ? L’indifférence vantée comme une force, une vertu, n’est-elle pas aussi une autodéfense et, systématisée, un signe de faiblesse  ?

13 octobre 1966

Lettre ouverte de Roger Peyrefitte à Montherlant dans Arts. L’amuseur attaque celui dont il se disait l’ami et l’admirateur fervent. Lettre odieuse, décousue, complaisante et facile dans la drôlerie, sans oublier les coqs à l’âne dont il raffole (“Je suis né à Castres, mais je ne suis pas castré”). Est-ce l’auteur dramatique raté et frustré qui parle chez lui lorsque, à propos de La Reine morte, mal servie par la Comédie française, il est vrai, il écrit du théâtre de Montherlant : “Ne soyez plus un roi de théâtre (…) Et renoncez à nous convoquer pour des pantalonnades héroïques devant des sierras de carton ou pour des Austerlitz de préau de collège. Sinon, malgré le nombre de vos œuvres éminentes, vous ne laisserez que le souvenir d’un long Waterloo.”

12 février 1967

Curieuse lettre de Montherlant suite à l’article que j’ai consacré à ses Carnets(1958-1964) dans la Revue de Paris. “Il n’y a que la fiction qui m’intéresse en ce moment”, m’écrit-il en m’annonçant un roman de 550 pages commencé depuis juillet 1965. “Vous m’avez remis dans un bain dont j’étais sorti depuis longtemps en m’ébrouant”, ajoute-t-il, traitant les “petites notes” de ses Carnets, en regard de l’exaltation suscitée par la création romanesque de “pipi de chat”. Le pipi de chat sent plus fort qu’il n’a l’air de le croire. On le “lit” dans ses “oublis” comme une sorcière lit dans le marc de café.

10 avril 1968

Convié chez Montherlant. J’attends dans la salle des marbres antiques. Il arrive, aimable, un peu lourd. Il a la délicatesse d’avoir à la main, L’Eté à cœur perdu, m’en parle avec bienveillance, reconnaissant avoir aimé “ce balancement entre la guerre et le collège”. Je suis embarrassé pour lui dire que mon collège de Nouvelle-Angleterre n’est pas un collège anglais, comme il a l’air de le croire. La phrase de Sally Owens, “Tout être mérite de l’intérêt, il suffit de lui faire confiance”, l’a d’autant plus frappé, dit-il, qu’il vient d’achever un roman sur le thème de la confiance. Il refuse de m’en donner le titre, m’interroge, je me raconte : New-York, Manhattan Blues, l’Algérie, Combat, etc. On termine sur sa légende : misogynie, misanthropie, statue de marbre, etc. Il en rit de bon cœur, le bronze s’est fait chair. Dans l’entrée, au moment du départ, je toise un petit bonhomme assez trapu et cette différence de niveau m’apparait soudain cocasse. Comme ses chers Romains, il est fait pour être vu en buste. On connait le mot cruel : “un buste à pattes”.

22 avril 1970

Le dernier livre de Roger Peyrefitte, Des Français. Un abject ramassis de cancans. Un auteur à classer dans le foutoir des littérateurs dévoyés.

Montherlant.

19 mai 1970

Lettre de Montherlant suite à mon article sur Le Treizième César dans Combat. Je lui avais demandé ses projets. Il m’annonce un roman dans le genre des Célibataires et de nouveaux Carnets. Le style courtois mais sec de cette lettre tapée à la machine et que je suppose signée par une secrétaire tranche sur les propos chaleureux d’auparavant. Matzneff me l’a confirmé : il aurait été blessé par une critique des Garçons. J’ai toujours su que ce sacré bonhomme avait une sensibilité d’écorché vif mais c’est trop d’honneur me faire.

15 juillet 1970

Dîner avec Montherlant. Il est charmant, enjoué, sans rien de cette froideur pincée qu’il peut avoir de prime abord. Je n’aime pourtant pas la façon dont le bas de son visage se crispe par instants, la bouche tombant comme un rideau sur une expression de dureté méprisante, de hauteur ennuyée. C’est l’expression que l’on retrouve sur certaines photos à l’époque où Barrès ne s’est pas tellement éloigné. Comme il a mal à la France ce moraliste si soucieux de ses distances. Il trouve le pays petit, médiocre, et porte encore vive en lui la blessure des années 30 au spectacle du laisser-aller et de l’insouciance devant le danger hitlérien. L’homme de droite en lui, c’est l’homme du bon droit surpris par la frivolité de son époque. Aujourd’hui, il n’y a pas de quoi se réjouir au spectacle de la France pompidolienne. La solitude morale de Montherlant doit être grande : c’est une aristocratie sans fief.

Si je devais écrire sur lui, j’aimerais offrir une lecture qui le désacraliserait, une lecture sincère, critique, mais sans arrière-pensées, de l’œuvre qui m’a séduit autant qu’irrité. J’ai parfois écrit sur lui avec violence et il ne s’en étonne pas. Doit l’étonner davantage le fait que je puisse concilier mon goût de Sartre et de lui. Est-ce si paradoxal  ? Chez l’un je vais chercher des leçons d’altruisme, chez l’autre une morale hédoniste. Me conviennent tout aussi bien la morale sartrienne de l’engagement et celle de Montherlant prônant le retrait, l’exigence et la ferveur contenue. Mais ce dernier ne s’est-il pas fait l’avocat de “l’alternance” et du “syncrétisme” (garder tout en composant tout)  ? La générosité sartrienne et l’orgueil montherlantesque – quel équilibre casse-gueule  ! Ces deux écrivains s’ignorent et ne sont sans doute pas faits pour se comprendre, mais une même incompréhension a souvent accueilli leurs œuvres pour qu’on n’y prenne pas garde. Il est amusant de les renvoyer dos à dos.

J’aimerais être à l’heure romaine lorsque Montherlant y arrête ses pensées. Mais l’absence de Romains dans ma culture ne m’a guère gêné : le lycée laïc en faisait moins usage que Sainte-Croix de Neuilly et je dois aux chers professeurs qui m’ont trop fait tronçonner les écrits de Cicéron en versions et en thèmes cette désaffection pour une civilisation dont ils oubliaient de nous livrer les clés humaines. J’ignore ces gouffres de la grandeur et du désarroi de l’âme qu’on trouve chez les Romains. Montherlant m’encourage à lire la correspondance de Cicéron en guise d’initiation.

1er août 1970

Lettre chaleureuse de Montherlant sur Manhattan Blues que je lui avais donné lors de notre dernière rencontre. Contrairement à mon attente, car il ne connait guère les Etats-Unis, il a aimé le livre. “Vous êtes un damné enregistreur d’images et en même temps vous êtes un moraliste”, m’écrit-il. En ces jours de jeûne créateur, j’accueille avec contentement cet hommage et je pense à la joie que j’aurais eue si je l’avais reçu à la sortie du livre.

26 mai 1971

Déjeuné avec Montherlant au “Voltaire”. C’est un jour noir. Depuis sa chute, sa vue baisse de plus en plus. “C’est dur de penser que l’on va être coupé du monde, parce qu’on devient aveugle, confie-t-il. Je ne suis pas le genre d’hommes à qui on fait la lecture. Aussi, je ne sais pas comment tout cela finira, mais cela risque de finir mal.” Ces velléités de suicide réitérées me gênaient. Touché, je ne savais quoi dire, et même si le silence s’impose, ce genre de confidences n’appelaient-elles pas une réaction  ? Indifférent, j’avais peur de trop le montrer en restant impassible. En fait, je ne sais plus ce que j’ai éprouvé alors, de l’émotion ou du détachement, sinon une certaine compassion abstraite, comme de la politesse, en somme. Fort heureusement, après ce sombre préambule, il a retrouvé sa verve pour dénoncer, pêle-mêle, la bêtise des médecins, l’incurie de l’administration, l’escroquerie des Finances, l’indigence générale de tout ce qui sollicite de nous paperasse et argent. J’abondais dans son sens ; ces courtelinades sont dans l’humeur française. Et il bougonnait ainsi, en roulant des petites boules de mie de pain, tout en mangeant de bon appétit.

Il dit encore : “A chaque fois que j’ai fait du bien, j’ai eu à m’en repentir. “Et ce fond de pessimisme quant à la bonté de l’espèce humaine lui fait citer Voltaire : “Nous laisserons le monde aussi sot et méchant que nous l’avons trouvé. “Je lui ai suggéré d’y ajouter : “Avec notre sottise et notre méchanceté en plus.” Il a ri : “Je pourrais m’attribuer cette phrase et la mettre dans mes Carnets.”

Nous avons ainsi fini de déjeuner dans un morne ressassement des choses de la vie telles que peut les voir un misanthrope vieillissant qui n’a retrouvé des accents de confiance que pour me dire le plaisir que lui ont donné les “créatures” avec leur corps. Un fervent plaidoyer de la jouissance qui corrigeait les austères réflexions du début.

Avril 1972

Lecture des derniers Carnets de Montherlant, La Marée du soir. L’écrivain me séduit, l’homme m’agace. Je “décroche” lorsque je sens trop celui-ci au travers de celui-là. Je rejette dans ces carnets ce qui est ressassement du “moi”. J’y prends ce que j’aime ; ces pages du “Nocturne”, par exemple, inspiré à l’écrivain par la perte d’un œil à la suite d’une chute : “J’entends piaffer devant ma porte, avec des hennissements pervers, qui ressemblent à des ricanements. Ma vie change de chevaux au relais : on attelle des chevaux noirs. Je les imagine cherchant à mordre les chevaux blancs qu’ils remplacent.” Voici le poète qui resurgit, celui de Mors et Vita, qu’on oublie trop. J’aime aussi qu’il reconnaisse que sa vie a balancé entre le plaisir et la création littéraire et que tout est bien ainsi. Il ne reniera pas la terre et ce stoïcisme, même appliqué, ne manque pas d’allure.

Et puis vient l’inévitable démangeaison du moraliste aigre, et l’on sent, derrière cet orgueil à l’espagnole, le prurit des petites vanités à la française. C’est toujours la tentation des solitaires qui souffrent d’une hypertrophie de l’ego que de vouloir régler son compte à la condition humaine en quatre formules. Montherlant écrit donc sans sourciller des jugements comme : “Il y a deux sortes d’amis : ceux qui vous abandonnent et ceux qui vous trahissent.” Voilà bien de quoi vous décourager d’avoir un écrivain pour ami.

22 septembre 1972

Montherlant s’est tué hier, à 16 heures. Assis dans ce fauteuil où il faisait face, à contre-jour, aux visiteurs, avec pour décor ce salon sans grâce, presque sans meuble, sous le regard vide de ses têtes antiques, il s’est tiré une balle dans la bouche.

J’ai appris la nouvelle dans la rue, près d’une bouche de métro. Un titre en gras et une grande photo à la une de France-Soir accroché au bas -flanc d’un kiosque à journaux. Je suis resté un instant hébété. J’ai revu en pensée son visage lors de notre déjeuner de mai 1971 ; il me semble encore entendre ses paroles où il se condamnait implicitement à mort. Tout cela me gênait. La mort est bien embarrassante lorsqu’on la convie à table. Puis, il y eut cette lettre, la dernière, pour me remercier d’un article sur La Marée du soir. Faisant allusion au “Nocturne” que j’y avais aimé, il m’assurait que “c’était vraiment la pénombre en comparaison de celui que je subis en ce moment”. De temps à autre, j’apprenais qu’il n’allait guère mieux. Je le savais stoïque et ne voulais imaginer qu’il mettrait fin à ses jours. Le plus incroyable lorsqu’on vous parle de suicide, c’est qu’on n’y croit pas. On se sentirait bizarrement coupable de le faire.

23 septembre 1972

Une mort aussi subite et réfléchie que celle de Montherlant ne va pas sans désemparer les meilleurs esprits. Ainsi Bertrand Poirot-Delpech, la belle légumineuse, écrivait-il hier dans Le Monde : “Voici venue pour lui cette nuit dont s’était enveloppée sa haine de la vie…” Haine de la vie, Montherlant, affamé de jouissances de tout ordre  ? Quel contresens  ! Même si son œuvre privilégie souvent la confrontation avec le néant. Et Poirot-Delpech de commenter par ailleurs : Une mort qui ressemble tant à l’homme et à l’œuvre que l’un et l’autre en sortent tout à coup anoblis, authentifiés. “Un écrivain doit-il se tuer pour que l’on trouve son œuvre authentique  ?

15 avril 1973

Je lis avec une certaine stupeur le récit que Gabriel Matzneff vient de donner de son équipée à Rome avec J-C Barat pour dissiper les cendres de Montherlant sur le Forum. Il y a de quoi faire frémir les bien-pensants du Figaro. C’est à la fois sinistre et bouffon, empreint de grandiloquence funèbre sur un rythme de semi-comédie policière. Ce qui reste étonnant, c’est la description que Matzneff donne des cendres du défunt, une fois l’urne ouverte : “Ce sable jaune, ces flocons d’avoine, ces copeaux de bois blond, ces coquillages fossilisés, ces grains d’encens opalin, qui ont l’apparence du solide, mais qu’une simple pression de nos doigts réduira en poussière – auxquels se mêlent par endroits un je ne sais quoi qui ressemble à du mâchefer noirâtre et les clous du cercueil (curieusement intacts, quoique le four sarcophage brûlait à huit cents degrés), c’est Henry de Montherlant.