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Articles sur Montherlant (hors presse)

24. Montherlant vu par Roger Martin du Gard

 

Roger Martin du Gard,
Prix Nobel de Littérature,
(1937).

 

Roger Martin du Gard est un écrivain français né le 23 mars 1881 à Neuilly-sur-Seine, mort le 22 août 1958 à Sérigny, près de Bellême (Orne) et il fut lauréat du prix Nobel de littérature de 1937.
Il a 14 années de plus que Montherlant.
Il a épousé Hélène Foucault en 1906, dont il aura une fille Christiane.

Dans le Journal de Martin du Gard, (tomes II et III, Gallimard, 1993), Montherlant est cité à partir de 1927.

1 – Lettre de Martin du Gard à sa fille Christiane (1er novembre 1927), Journal II, p. 590

“(…) Tu as tort de ne pas sentir l’extraordinaire qualité de Montherlant. Il n’a encore fait aucun livre définitif, mais je le crois un des très grands qui soient, en ce moment, probables. Il y a en lui une ampleur de résonnance qui sent le génie. De quel autre pourrait-on dire ça ? (…)”

2 – Lettre de Martin du Gard à Maria Van Rysselberghe (7 juin 1936), Journal,II, p. 1188

Je lis avec jubilation le nouveau Montherlant : Les Jeunes Filles. Jamais on n’a serré de si près l’incompatibilité essentielle du couple humain ! Et l’auteur y fait preuve d’une admirable impartialité.
Aucun de ses livres n’est aussi objectif.

3 – Un extraordinaire portrait de Montherlant : Journal de Martin du Gard, tome III, p. 353-354), 10 octobre 1940

(Montherlant à 45 ans, et Martin du Gard 59 ans)

Nice 10 octobre 1940

Il y a plusieurs années qu’Henry de Montherlant et moi cherchions en vain à nous rencontrer. Il est à Nice, et, cette fois, nous avons pu nous voir. Le rendez-vous avait été pris, hier, à la terrasse d’un petit bar anglais du boulevard Victor Hugo. Je l’y ai trouvé, un peu endimanché, inquiet, nerveux, m’attendant devant un verre de porto.

Je ne sais pas si on peut “faire amitié” avec Montherlant. Je croirais volontiers qu’il n’a pas de véritable ami. (Et qui sait s’il n’en souffre pas ?) Ce premier contact me laisse une impression confuse : intérêt, agacement, déception. Ce que je sens de si fraternel dans la majeure partie de ses livres (spécialement dans le Service inutile et dans la série des Jeunes Filles), je ne l’ai pas un instant retrouvé dans l’homme.

 
 

Roger
Martin du Gard.

Il doit approcher de fort près la quarantaine. (Montherlant en réalité à 45 ans à cette date). Mais à première vue, il ne paraît pas plus de trente-cinqs ans. De taille moyenne, il est plutôt petit ; bien proportionné d’ailleurs ; à la limite du “costaud”. Un corps rablé, des épaules larges, une tête redressée, un front largement découvert, des cheveux bruns dressés en une brosse un peu agressive. L’allure générale est sportive ; ou mieux, militaire ! S’il était plus grand, plus dégingandé, on le prendrait pour un officier de cavalerie ; on le voit assez bien arbitrant un duel ; spadassin serait trop dire : champion d’escrime. L’ossature du masque a de la noblesse ; la saillie de l’arcade sourcilière, la courbe un peu bourbonienne du nez, l’évidement des joues, le dessin fier de la bouche, le menton volontaire ont une mâle beauté. Le regard est mobile, un peu dur, secret, avec de rares éclats de douceur. Le sourire est retenu, généralement voulu, d’une courtoisie de bon aloi, aisé, par instants plus spontané et d’un trait plus vif, parfois même enjolivé d’un soupçon de tendresse. J’imagine une sensualité rude et dominatrice, obstinée, distante et sans abandon, mais capable d’attachement accapareur et jaloux.

La conversation s’est engagée sans effort. Il sait être simple et virilement cordial. Il pose peu de questions. Il parle volontiers de lui, de ses projets. Sans morgue, d’ailleurs, et sur un ton amical, naturel, qui fait accepter une naïve infatuation. Il affirme se tenir à l’écart de tout, lire à peine les journaux ; il a cependant une intelligente conscience des évènements, regarde les réalités en face, ne s’illusionne pas sur l’étendue et les conséquences de la débâcle, compare la France à un oiseau dans les serres de l’épervier. Mais il est visible que le désastre le touche assez peu, moins que ne ferait une rage de dents ou une menace d’appendicite (note 1). Il semble naturellement cuirassé contre les atteintes de tout cataclysme collectif par un égoïsme prémédité, hautain, inattaquable. L’important n’est pas que la France échappe à la servitude et les populations à la famine, mais que Montherlant garde une santé solide, mange à sa faim, ait assez d’argent pour vivre à sa guise, poursuivre en toute indépendance son œuvre et son plaisir. Il doit exceller d’ailleurs à justifier par de nobles prétextes la satisfaction de ses instincts profonds : si on lui reprochait son égotisme, il répondrait sans nul doute qu’il s’est fait un unique devoir de “se réaliser totalement”, etc.

Ce qui me gêne le plus c’est de sentir que tout en lui est si solidement concerté. Il a réglé une fois pour toutes son attitude vis-à-vis de la société ; il se raidit avec dignité dans son personnage, soigne ses affaires et sa légende, organise au mieux le développement de son œuvre et l’extension commerciale de sa notoriété. Le côté vif argent, enfant terrible, poulain échappé, n’est pas le moins concerté de tous. Ses réactions brusques, ses sautes d’humeur, ses indignations explosives, ses professions de foi inattendues, ses outrances, ses coups de boutoir, le soin qu’il met à ne paraître lié par rien, à suivre en toute liberté ses impulsions les moins attendues, à ruer ostensiblement dans les brancards, ce plaisir qu’il éprouve à heurter l’opinion sans jamais outrepasser toutefois les limites d’une juste prudence, cette impertinente outrecuidance (qu’il affiche) à s’affirmer, envers et contre tous dans tous les domaines où les conséquences ne peuvent pas causer de graves dégâts, tout cela, qui se donne l’air d’être l’expression d’un tempérament puissant et d’une essentielle noblesse intérieure, tout cela est plus ou moins calculé, mis en scène et exploité avec maîtrise.

Et tout cela diminue évidemment l’être véritable, l’être initial, l’être essentiel. Quel est-il ? Peut-on l’atteindre, l’amener à se découvrir, le libérer ? Peut on l’atteindre encore ? N’est-il pas si bien recouvert et camouflé qu’il ne se reconnaît plus ? Si bien, si épaissement revêtu par les apparences qu’il est devenu insaissable, qu’il n’existe plus qu’à peine, étouffé, atrophié, réduit à rien ? C’est la seule chose qui m’intéresserait si nos relations devaient se poursuivre : retrouver sous les faux semblants, sous les pétarades du feu d’artifice, sous cette seconde nature, l’homme sensible et vrai qu’on croit apercevoir à travers ses livres. Qui sait si sous cette trop brillante armure de chevalier il ne se cache pas tout simplement quelque bougre timide et tendre ? Un froussard peut-être, un défaillant, vaguement honteux de lui-même ? Un sensuel traqué, déformé par le port du travestissement ? Un cœur solitaire, qui se contracte douloureusement dans son isolement voulu et son secret ?

Pour peu que vive encore en Montherlant l’enfant indécis et faible qu’il a pu être, je ne pense pas qu’il se laisse entrevoir, si l’occasion ne m’est pas donnée d’être mêlé à sa vie à quelque heure de défaillance et de drame intime. Dès le premier quart d’heure, j’ai eu cette intuition nette : cet homme ne doit pas avoir d’ami, on ne doit pas pouvoir faire amitié avec Montherlant. Mais j’aime assez la rudesse loyale de sa poignée de main.

4 – Journal de Martin du Gard, tome III, p. 362, 16 novembre 1940, Nice

Revu Montherlant. Il me dit : “Non, je ne ferai pas ma conférence à Nice. Ils ne m’offrent que la moitié de ce que je demande. Je ne fais pas de conférence à moins de trois mille.”
Il me dit : “Non. Je ne réponds pas aux enquêtes. C’est un truc qu’ils ont pour m’extorquer de la copie à l’œil.”
Il me parle de l’Epilogue :” Je suis aussi loin que possible des idées wilsoniennes. Dès 1918, j’étais furieux qu’on ne pousse pas la victoire jusqu’à Berlin. Il fallait les écraser à fond, et les tenir sous notre botte, à perpète !”.
Nous parlons “dons de romanciers”. Il me dit : “Je n’ai aucune imagination. Je suis tout à fait incapable de créer un personnage qui ne soit pas le portrait de quelqu’un. Ni même d’inventer des circonstances qui ne soient pas des souvenirs précis et directs. Evidemment, j’arrive à transposer un peu. Par nécessité. Par prudence. Mais je ne fais mes livres qu’avec ma vie personnelle.”
Il me parle de son journal : “Je tiens le journal de ma vie privée. J’en ai caché des fragments dans tous les coins de l’Europe. J’espère vivre assez pour pouvoir consacrer dix ans à écrire ma vie.
Quelle consolation, en mourant, de pouvoir se dire : “Ils ne s’attendent pas au beau scandale que je leur réserve encore !” (Il relève la tête et rit : un hennissement de défi.)
(note 2)

 

Roger Martin du Gard.

 

5 – Journal de Martin du Gard, tome III, p. 709, lettre à Maria Van Rysselberghe, Figeac, 12 octobre 1944

J’ai des amitiés dans le camp des indignes (note 3), qui me conduiraient infailliblement à des gestes de conciliation très malencontreux. Je préfère attendre et rester quelques semaines encore à l’écart, au dessus de la mêlée… Si je connaissais à fond les problèmes qui se posent (si je savais bien exactement ce qu’ont fait réellement des gens comme Fabre-Luce, comme Montherlant), je saurais l’attitude que je dois prendre, et m’y tiendrais. Mais, dans l’ignorance où je suis, de par mon absence, mon long isolement, il me faudrait m’en rapporter aux dires d’autrui, subir des influences que je suppose plus ou moins partisanes et passionnantes. Je serais abominablement tiraillé, écartelé. Je ne ferai sans doute que des pas de clerc et des sottises, dont j’aurais à me repentir. J’imagine que les coulisses de la N. R. F sont le théâtre d’intrigues, d’agitations, de papotages…

6 – Journal de Martin du Gard, tome III, p. 956, lettre à Marie Rougier, Paris le 29 novembre 1951

Au sujet de La Ville dont le Prince est un enfant

J’avais lu sur épreuves la pièce de Montherlant. Je déteste ça. Et pas seulement parce que tous ces fantoches se hissent jusqu’à une région de l’absurde – ou, si vous préférez, du “sublime”- à laquelle je n’ai pas accès. Tout me paraît faux dans cette pièce, la situation, les sentiments, les rapports des êtres entre eux, et les personnages (sauf le supérieur). La pièce est mal construite ; l’acte II est une suite de scènes de pure utilité, où rien ne sonne juste. Enfin, tout m’a semblé boursouflé ; sans vérité intérieure, et creux. Tout, sauf la scène finale entre le supérieur et le préfet, qui est admirable, et humaine. Et puis, qu’est-ce que cette maison d’éducation où les liaisons sont de notoriété publique, dénoncées en chaire, discutées publiquement, autant dire admises en principe ? Non et non ! (note 4)

7 – Journal de Martin du Gard, tome III, p. 1045, lettre à Marie Rougier, le 1 décembre 1954

Chère Amie,

Je commence par une confidence. Ma journée a été toute vaniteusement embellie aujourd’hui par une lettre de Montherlant, ou plutôt par le post-scriptum : Je crois qu’il n’y a plus que vous qui avez de la dignité parmi les hommes de lettres français, et je le dis souvent.
Ne souriez pas, j’ai savouré ça, suçoté ça, depuis ce matin, comme un bonbon.
(note 5)

Notes de Henri de Meeûs

Note 1

Le désastre (de 1940) le touche assez peu écrit Martin du Gard de Montherlant, en octobre 1940.

Montherlant a ressenti avec effroi et tristesse la défaite de l’Armée française en 1940. Il avait accompagné certain régiment au front (lire la biographie Guerre 40-45 de Montherlant, sur ce site) et avait vu le désordre généralisé, la panique, l’impossibilité des Français d’arrêter les Allemands.
Il faut lire les livres de guerre de Montherlant : Le Solstice de Juin (1941), les Notes de la Guerre Sèche (Somme-Oise mai-juin 1940) (1943), ainsi que les Textes sous une occupation (1953) pour voir l’évidence : Montherlant ne se remit jamais de la défaite.
Sans doute, Martin du Gard ne connaissait-il pas encore ces œuvres de guerre à la date où il écrit dans son Journal, et son jugement est-il hâtif ?
Il ne faut pas oublier que Gide et Martin du Gard étaient de grands amis qui se voyaient beaucoup, et il est probable que Gide a influencé Martin du Gard au sujet de Montherlant.
Gide a toujours considéré Montherlant comme le représentant d’une classe aristocratique, qui ne cherchait pas les risques inutiles. Pour Gide, Montherlant ne s’engageait pas dans le social, n’allait pas visiter les soviétiques en URSS comme Gide, n’écrivait pas Corydon comme Gide, ne signait pas des manifestes ni des pétitions. En outre, Montherlant était plus génial, meilleur écrivain que Gide dont le style très étudié, manquait de naturel.
Gide reconnaissait la valeur réelle de Montherlant, mais il n’y eut pas d’affinités entre eux.

Voici ce qu’écrit Gide à Madame Van Rysselberghe (La Petite Dame) après un déjeuner avec Montherlant, le 9 septembre 1940 : “Montherlant est très conscient de sa valeur, ce qui lui permet un certain cynisme, et comme cette valeur est très réelle, on lui passe beaucoup de choses. Mais je ne me sens nulle envie de pénétrer plus avant dans son amitié, et puis il est un de ces êtres devant lesquels la préoccupation de comprendre et d’être intelligent m’empêche de comprendre ; je m’aperçois du reste que je n’ai rien à lui dire ; je trouve qu’il vieillit mal. On ne sent en lui rien de généreux. (Cahiers de la Petite Dame, III,p. 192).

Il est comique de constater que Gide juge que Montherlant vieillit mal, alors que Martin du Gard, le même mois, donne à Montherlant 35 à 40 ans au maximum, et que Montherlant en a 45 en réalité.
Gide obligé de faire un effort pour comprendre Montherlant ? Gide plutôt complexé dans ce cas par le génie et les dons de Montherlant ?
Accuser en outre Montherlant de manquer de générosité est une erreur et c’est mesquin quand on ne connaît pas sa vie privée ! En effet, Montherlant a secouru de nombreuses personnes. Il y a beaucoup de témoignages à ce sujet, il est inutile de les détailler, le site ici en donne de suffisants témoignages.

Montherlant a écrit “Tout ce qui n’est pas donné est perdu”

Le portrait de Montherlant par Martin du Gard est remarquable quant à la description physique de Montherlant. On ne peut mieux le représenter. Montherlant ressemblait vraiment à un officier de cavalerie. Certains ont dit que Montherlant avait le même genre d’allure que celle de l’acteur Von Stroheim et du cinéaste Fritz Lang. Personnalités massives, d’un seul bloc en apparence.
Impression évidente de force et de puissance.
Pour la description psychologique, Martin du Gard procède par petites touches sans grande sympathie, - certainement le regard de Gide est-il passé par là -. Mais il est hésitant, il tâtonne, et ne se prononce pas clairement sauf sur un point : “Montherlant ne devait pas avoir d’amis !”.
Et pourtant qui sait ? Car Montherlant cloisonnait sa vie privée. Et personne ne savait qui se trouvait dans l’autre compartiment.

 
 

Henry de Montherlant.

Note 2

Quelle consolation, en mourant, de pouvoir se dire : Ils ne s’attendent pas au beau scandale que je leur réserve encore ! aurait dit Montherlant à Martin du Gard le 16 novembre 1940, à Nice.

Qui sont ces ILS ? Le public ? Ses lecteurs ? La société dans laquelle Montherlant refuse de s’intégrer ? Et quel type de scandale ? Quelque chose de choquant et d’inattendu ?
Quand aura lieu ce scandale ? Après ma mort, dit Montherlant. Il annonce cela en novembre 1940 comme un prophète à Martin du Gard qui l’écoute bouche bée et notera toute cette conversation sans se demander si Montherlant parle sérieusement ou s’il se moque ou s’il essaye d’attirer la curiosité du prix Nobel, de le provoquer pour se mettre en valeur. Quelle part de sérieux ou de moquerie, ou de souci d’épate pour choquer ?
Montherlant s’amuse à faire croire à Martin du Gard qu’il est une sorte de Casanova dont les Mémoires sont mis en lieu sûr aux quatre coins de l’Europe. Et le brave Martin du Gard accepte tout. Il ne connait pas Montherlant, il ne parvient pas à discerner qui il est vraiment, cette personnalité lui échappe ; il dresse un portrait psychologique lors de la première rencontre, remarquablement écrit d’ailleurs, mais sans réel fondement, vu qu’il ne connaît pas Montherlant, toujours caché, toujours secret.
Montherlant, un homme sans ami ? Qu’en sait-il, Martin du Gard ? Son prix Nobel l’a rendu trop sûr de lui quand il établit après quelques minutes d’entretien une radiographie psychologique d’un être génial qui ne veut être dominé par rien, alors que Martin du Gard, lui, est confronté chaque jour à une femme difficile et tourmentée et à une fille peu agréable et insatisfaite, qui sans cesse s’opposent à lui ! Il doit envier en secret l’immense liberté de Montherlant. Et toujours, comme c’est le cas chez la plupart des interlocuteurs de Montherlant, il y a chez Martin du Gard le secret désir de découvrir la personnalité sexuelle de son interlocuteur, curiosité enrobée d’un beau style qui se veut clair, objectif. et d’autant plus hypocrite.
Du style magnifique de Montherlant, il ne sera pas question. Martin du Gard comme un jésuite devant son pénitent dresse d’un regard le tableau des péchés passés et futurs de celui qui a souhaité le rencontrer. Jamais dans toute son œuvre, Montherlant n’émettra un jugement sur un confrère, car Montherlant ne juge pas, ne critique pas, n’est jamais méchant. Il est au dessus de cela. Ce qu’on ne lui pardonne pas, c’est son immense détachement.
Montherlant déteste les adultes. Martin du Gard, prix Nobel de littérature, fait partie de ces adultes, car il voit du premier coup d’œil qu’avec Montherlant, on ne peut faire amitié.

Note 3

J'ai des amitiés dans le camp des indignes.

Montherlant ne subit aucune condamnation ni indignité à la Libération.

Note 4

La Ville dont le Prince est un enfant de Montherlant, critiquée par Martin du Gard, en novembre 1951.

Cette pièce est détestée par Martin du Gard à contre-courant de la critique littéraire et du public qui firent un triomphe à cette œuvre depuis sa publication jusqu’à aujourd’hui.
Pourquoi ?
En athée convaincu, Martin du Gard rejette la religion, les prêtres, la papauté, les sacrements, etc., même si sa femme Hélène Foucault chrétienne pratiquante avait reçu la permission de son mari de donner une éducation chrétienne à leur fille Christiane, ce que Martin du Gard a dû souvent regretter.
Il ne supporte pas la pièce de Montherlant qui mêle, selon Martin du Gard, de façon artificielle, l’amour, le sacrifice, et les discours chrétiens.
Martin du Gard ne peut entrer dans ce monde de collège catholique dont le climat chauffé par certaines passions lui paraît peu crédible. Martin du Gard est un très grand écrivain réaliste. Il a raison de penser que le collège de Montherlant n’a jamais vraiment existé. Ce qu’il n’a pas vu, c’est que Montherlant à 17 ans, élève externe durant quelques mois au collège Sainte-Croix, avait créé plus tard dans son œuvre une féerie à partir de certaines émotions vécues durant une période très courte de quelques mois qui le marquèrent de façon indélébile et pour la vie !
La réalité pour Montherlant est toujours poétisée. Montherlant, disait le grand critique Robert Poulet, fut peut-être le plus grand poète français du XXème siècle.
Prendre au mot Montherlant au premier degré sera toujours une erreur. L’œuvre de Montherlant est un travail basé sur l’émotion et la tendresse, la réalité devenant alors une autre réalité, protégée du monde des adultes qu’il détestait, car le cœur et la tendresse avaient tout recréé.

Note 5

Ce bonbon est une bonne conclusion.Les deux grands écrivains avaient fini par s’estimer !

Œuvres de Roger Martin du Gard

  • Devenir (1906)
  • L’Une de Nous (1909)
  • Jean Barois (1913)
  • Le Testament du père Leleu, farce (1913)
  • Les Thibault : Le Cahier gris (1922)
  • Les Thibault : Le Pénitencier (1922)
  • Les Thibault : La Belle Saison (1923)
  • Les Thibault : La Consultation (1928)
  • Les Thibault : La Sorellina (1928)
  • Les Thibault : La Mort du père (1929)
  • Vieille France (1933)
  • Les Thibault : l’Été 1914 (1936)
  • Les Thibault : l’Épilogue (1940)
  • Œuvres complètes dans la collection de la Pléiade avec une préface d’A. Camus (1955)
  • Correspondance avec André Gide (posthume, 1968)
  • Correspondance générale 1 de 1896 à 1918 (2 tomes, posthume,1980)
  • Correspondance générale tomes III à X (posthume, de 1919 à 1958)
  • Le Lieutenant-colonel de Maumort (posthume, 1983)
  • Journal I Textes autobiographiques 1892-1919 (posthume, 1992)
  • Journal II 1919-1936 (posthume, 1993)
  • Journal III 1937-1949 Textes autobiographiques 1950-1958 (posthume, 1993)

Ces ouvrages sont édités par Gallimard.